Retour sur le webinaire « Mobilité, modes actifs et santé »

publié le 6 avril 2021

Débuté en novembre 2020, le cycle de 7 webinaires Urbanisme et santé, co-organisé par le Comité 21, l’ARS et la DREAL Pays de la Loire, s’est clôt 16 février sur la thématique des mobilités actives. Construit autour de quatre interventions, l’échange a réuni plus de 70 participants, intéressés par l’enjeu du développement du vélo et de la marche en termes de santé, et par son intégration dans les projets urbains.


Des recommandations pour encourager la marche et le vélo, leviers efficaces contre la sédentarité

Chargé d’étude au CEREMA (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement), Joaquim Henry a ouvert le webinaire avec une intervention en deux temps. Il a d’abord rappelé quelques faits concernant les enjeux de santé. Selon l’OMS, 3,2 millions de décès dans le monde sont chaque année attribuables au manque d’exercice, or la marche et le vélo constituent un levier efficace contre la sédentarité. Responsable de la grande majorité des accidents graves de la circulation, la voiture participe aussi à la pollution de l’air et au bruit en ville, avec de nombreux impacts sur la santé (troubles respiratoires et cardiovasculaires, perturbation du sommeil…). Joaquim Henry a ensuite exposé plusieurs recommandations du CEREMA pour encourager la marche et le vélo : éviter d’imposer des détours aux cyclistes et aux piétons, développer des zones de circulation « apaisées » (aires piétonnes, zones limitées à 30 ou 20 km/h), réduire la taille des intersections routières pour limiter les vitesses et augmenter la sécurité… Il a aussi mis l’accent sur la nécessité d’une réduction des stationnements longitudinaux de voitures, dangereux pour les cyclistes et très consommateurs d’espaces urbains.

Un plan vélo pensé en lien avec le contrat local de santé

Cyril Couroussé et Jean Campredon, chargés de mission à la Communauté de communes du Mont des Avaloirs, ont ensuite présenté un projet mis en place par la collectivité, « Tous à bicyclette », et son interface avec le contrat local de santé actuellement en développement. Sur chacun des deux volets, un diagnostic a été établi, qui a donné lieu à un plan d’actions ambitieux pour ce territoire de Mayenne majoritairement rural et à la population vieillissante.
Le premier axe de celui-ci vise l’aménagement d’un territoire cyclable, avec à minima 26 kms de pistes programmés.

Le second concerne le développement des services de l’écosystème vélo, avec :

  • des aides à l’achat et des services de location de VAE (vélos à assistance électrique),
  • l’installation de stationnements vélo,
  • des stages de remise en selle pour lever les craintes à la pratique du vélo sur la route.

Le troisième axe est enfin dédié à la diffusion d’une culture vélo sur le territoire, à la fois dans la communication grand public (publications sur les réseaux, événementiels…) et en interne, dans les différents services de la collectivité et de ses partenaires.

Ce témoignage a permis d’illustrer la nécessaire transversalité des approches au sein de la collectivité pour mieux prendre en compte la santé des habitants dans ses politiques porteuses de leviers très favorables, ainsi que la faisabilité de tels projets sur des territoires ruraux.

Des mobilités ligériennes de plus en plus actives

Après cet exemple concret, ancré sur un territoire défini et prenant en compte ses spécificités, Sébastien Bourcier de l’ADEME Pays de la Loire a fait le point sur le développement des modes actifs à l’échelle régionale. À l’aide d’une cartographie, il a montré l’essor de la planification cyclable, qui « partait de loin » dans la région la plus multi-motorisée de France (nombre de véhicules par ménage)… En 2017, 2 schémas modes actifs étaient validés en Pays de la Loire, pour une couverture démographique de 20 % du territoire. En février 2021, on en dénombrait 20. Avec les 13 démarches à l’échelle de l’intercommunalité (EPCI) en cours, cela aboutira, en 2022, à une couverture des 2/3 du territoire ! Le vélopartage, lui aussi, est en net développement à l’échelle régionale. En 2015, on comptait 4 500 vélos partagés et 6 territoires couverts (vélo libre-service, location longue durée ou prêt gratuit). Ils étaient fin 2020 au nombre de 12 000, avec une multiplication par 15 des VAE et 20 territoires couverts. Sébastien Bourcier a enfin fait remarquer que si ces services se développent dans les grandes métropoles, on constate une vraie diffusion du vélo dans l’ensemble des strates du territoire, incluant les zones rurales. À ce titre, le VAE constitue un outil de transfert modal de la voiture, notamment sur les trajets domicile-travail.

Des bénéfices santé mesurables

En conclusion, Corinne Lécluse, ingénieure d’études sanitaires à l’ARS Pays de la Loire, a présenté une méthode d’évaluation socioéconomique des aménagements cyclables portée par la DREAL sous forme exploratoire. Disponible sur le site de la DREAL Pays de la Loire, l’outil vise à appuyer les collectivités dans la mise en œuvre de leurs politiques de développement de l’usage du vélo et à en comprendre les différentes retombées (économique, qualité de vie, santé). Il propose notamment des enquêtes auprès des riverains, des usagers et des commerçants. À ce stade, l’outil a été expérimenté par la DREAL sur deux axes vélo à Nantes et aux Sables-d’Olonne. Dans ces études, le gain de santé induit par les aménagements s’est avéré important, permettant d’amortir l’investissement initial en moins de 10 ans (avec une méthodologie de calcul du risque accident à affiner cependant).

Corinne Lécluse a également présenté un outil d’évaluation économique des effets sanitaires de la pratique du vélo et de la marche. Développé par le réseau des Villes — Santé de l’OMS et mise en œuvre sur le territoire de Nantes et de la Métropole, HEAT prend la forme d’une calculatrice en ligne pour établir le risque relatif en fonction des données du territoire. Pour Nantes Métropole, l’outil montre qu’avec 4,5 % des déplacements effectués actuellement en vélo (contre 2 % à l’échelle nationale), 260 morts ont été évités sur 10 ans, avec un bénéfice économique d’un milliard d’euros sur la même temporalité. Car, comme cela a été mis en avant par les différents intervenants du webinaire, les mobilités actives sont doublement bénéfiques pour la santé. Elles sont une réponse au manque d’activité physique (4e facteur de risque de mortalité à l’échelle mondiale) et participent à la baisse de la pollution et donc à l’amélioration de la qualité de l’air, des problématiques au cœur du PRSE3.

En conclusion du cycle de webinaires, les organisateurs remercient l’ensemble des intervenants et des participants ainsi que les personnes qui ont collaboré à sa mise en œuvre. On peut déjà souligner une bonne participation sur la durée, puisque chaque webinaire a rassemblé entre 70 et 120 personnes, pour un total d’environ 500 personnes sur l’ensemble du cycle.
 
Suite à ce cycle, des contacts ont été pris avec des collectivités volontaires pour mieux intégrer la dimension de la santé dans leur projet. Cela aboutira pour certaines à de nouvelles démarches en lien avec l’urbanisme, l’aménagement et la santé. Ces échanges autour de l’urbanisme et la santé se poursuivront également dans le cadre des travaux du PRSE3 et de la préparation du PRSE4. Enfin, suivra un questionnaire d’évaluation ainsi qu’un rappel sur la mise à disposition des présentations auprès de l’ensemble des participants.

Vous retrouverez ci-dessous les présentations :

Améliorer les mobilités pour la santé (format pdf - 1.5 Mo - 06/04/2021) - par Joaquim Henry - Chargé d’étude sécurité des déplacements et développement des modes actifs - CEREMA



Santé à vélo : des mobilités actives pour préserver la santé (format pdf - 2.1 Mo - 06/04/2021) - par Cyril Couroussé, chargé de mission mobilités et Jean Campredon, chargé de mission santé en charge du contrat local de santé, Communauté de communes du Mont des Avaloirs



Schémas modes actifs et services de vélopartage : quels développements en Pays de la Loire ? (format pdf - 1.3 Mo - 06/04/2021) - par Sébastien Bourcier, en charge des mobilités à l’ADEME Pays de la Loire


Compléments pour aller plus loin : évaluation sanitaire et socioéconomique des aménagements en faveur des modes actifs (format pdf - 756.1 ko - 06/04/2021) - par Corinne Lécluse, ingénieure d’études sanitaires à l’ARS Pays de la Loire



Retrouvez les enregistrements vidéos des interventions ainsi que l’ensemble du webinaire :

- Première Intervention de Joaquim Henry

- Intervention de Cyril Couroussé et Jean Campredon

- Intervention de Sébastien Bourcier

- Intervention de Corinne Lécluse

- Intégralité du webinaire

Le programme complet des webinaires du cycle Santé et urbanisme est disponible sur le site du Comité 21.