Retour sur la journée d’échanges One Health, organisée par Le GRAINE Pays de la Loire

Mardi 19 novembre, la Maison de quartier Edith Piaf au Mans a accueilli une cinquantaine d’acteurs de l’éducation à l’environnement et de la transition écologique pour une journée d’échanges dédiée à l’approche One Health, aussi appelée « Une seule santé ». Organisée par FNE Sarthe et coordonnée par le GRAINE Pays de la Loire dans le cadre du PRSE4, cette journée a accueilli divers experts pour appréhender la thématique et faire l’état des lieux des connaissances en région.

Thématique centrale et transversale du quatrième PRSE des Pays de la Loire, l’approche One Health trouve en particulier sa place dans son axe Biodiversité et Santé, conjointement à la Stratégie régionale pour la biodiversité. Ce concept, visant à mettre en lumière les relations entre la santé humaine, la santé animale et la santé environnementale, fut au cœur de cette journée d’échanges organisée par FNE Sarthe et GRAINE Pays de la Loire.

Pour introduire le sujet de la journée, Aurélie Courcoul, directrice de la recherche et des études doctorales à l’école Oniris VetAgroBio, a retracé l’historique des liens entre les trois santés et ses premiers exemples d’interdépendance. D’une première définition du concept One Health initialement centré sur les maladies infectieuses zoonotiques, la définition a aujourd’hui évolué vers un cadre plus large, incluant les thématiques de l’eau, de l’alimentation ou encore de l’urbanisme. Cette approche, reconnue internationalement depuis 2008, vise à décloisonner les disciplines pour une vision commune de la santé.

Définition One Health par le Groupe d’experts de haut niveau pour l’approche Une seule santé (OHHLEP), 2021
Le principe « Une seule santé » consiste en une approche intégrée et unificatrice qui vise à équilibrer et à optimiser durablement la santé des personnes, des animaux et des écosystèmes. Il reconnaît que la santé des humains, des animaux domestiques et sauvages, des plantes et de l’environnement en général (y compris des écosystèmes) est étroitement liée et interdépendante. L’approche mobilise de multiples secteurs, disciplines et communautés à différents niveaux de la société pour travailler ensemble à fomenter le bien-être et à lutter contre les menaces pour la santé et les écosystèmes. Il s’agit également de répondre au besoin collectif en eau potable, en énergie propre, en air pur, et en aliments sûrs et nutritifs, de prendre des mesures contre le changement climatique et de contribuer au développement durable.

Sur la question centrale de ces rencontres, à savoir comment enseigner le concept One Health, Aurélie Courcoul insiste sur l’importance de la coopération interdisciplinaire et multisectorielle mais également d’une communication respectueuse et adaptée. Plus largement, la thématique One Health rappelle les interrogations juridiques et philosophiques du rapport entre vie humaine, animale et naturelle. La question d’un « droit à la nature » en découle et vient bouleverser notre vision du monde, largement anthropocentrée.

La journée a continué avec plusieurs témoignages d’experts permettant de concrétiser l’approche. Muriel Vayssier-Taussat, cheffe du département Santé Animale à l’INRAE, a démontré le lien entre la santé humaine, animale et environnementale grâce à l’exemple des maladies associées aux tiques. Premier vecteur de maladies animales au niveau mondial et de zoonoses en Europe, comprendre et lutter contre les maladies à tiques nécessite une approche globale. Pour diagnostiquer et lutter contre la maladie de Lyme notamment, la compréhension du lien entre animal et homme est nécessaire mais également celle de l’aménagement des paysages (création/suppression d’espaces de forêt), du changement climatique et de ses effets sur la biodiversité pouvant augmenter les zones et les périodes à risques. Dans les années 60, l’intégration du tamia de Sibérie en forêt de Sénart (espèce d’écureuil introduit en France comme animal de compagnie puis relâché en milieu naturel) a été possiblement reliée à la recrudescence de la maladie de Lyme dans les années 2000. Le tamia étant un réservoir de la bactérie responsable de la maladie de Lyme et 7 fois plus porteur qu’un écureuil français, il représente un risque sanitaire majeur. Cet exemple montre l’impact de la perturbation de la biodiversité sur la santé humaine et la nécessité du travail en coopération.

Pour Muriel Vayssier-Taussat, ces connaissances et cette approche globale sont indispensables pour espérer améliorer nos outils de détections, d’aménagement de nos territoires et notre sensibilisation aux citoyens. À Montpellier, un grand projet de renaturation de la ville est en cours avec le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) pour intégrer les risques liés aux tiques et aux moustiques.

Le témoignage de Sandrine Lefeuvre, toxicologue au CHU de Poitiers, s’est quant à lui tourné vers un sujet de recherche lancé en 2022 : le projet Nov’Land, visant à évaluer l’exposition des habitants d’un territoire agricole aux pesticides. Ce projet, exemple parfait d’une approche incluant toutes les santés, s’appuie sur des prélèvements réalisés sur les hommes, les animaux mais également l’eau, l’air et la terre. En s’appuyant sur un consortium scientifique interdisciplinaire, il a pour objectif d’évaluer l’impact de l’exposition aux pesticides sur la santé des hommes, des animaux et de l’environnement. Un projet de recherche qui durera 10 ans, réalisé au sein de la Zone Atelier Plaine & Val de Sèvre (Bretagnolle et al. 2018), un territoire agricole de 450km² situé au sud du département des Deux-Sèvres.

Différents outils et ressources pratiques ont également pu être présentés aux participants. C’est le cas du site agir-ese.org, présenté par Lucie Pelosse, co-référente régionale santé-environnement à Promotion Santé ARA & co-coordinatrice du Pôle ESE ARA. En s’appuyant sur une approche sensible et cognitive, le pôle propose de nombreuses ressources pour agir en éducation et en promotion de la santé environnementale. Sur la thématique « Une seule santé », il a récemment développé une campagne de sensibilisation du grand public, des ressources théoriques ainsi que des ressources pédagogiques inspirantes : https://agir-ese.org/dispositifs/une-seule-sante-cest-possible

Après une pause déjeuner, les participants ont pu s’orienter vers un parcours thématique au choix, correspondant à quatre des six enjeux du PRSE4 : Urbanisme favorable à la santé, Eau et santé, Biodiversité et santé, Alimentation et santé. Ces ateliers de réflexion collective ont permis de mobiliser les participants autours des dispositifs existants ou à imaginer pour répondre aux enjeux One Health dans leurs professions.

Une journée d’échanges qui aura donc permis de sensibiliser et d’inspirer les participants sur l’importance de l’approche One Health dans leurs pratiques éducatives et au-delà. Des témoignages inspirants et des pistes d’actions prometteuses pour intégrer cette vision intégrée de la santé dans les divers domaines de la transition écologique, de la santé environnementale et de l’éducation à l’environnement.

Retrouvez et téléchargez les actes de la journée.

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