Bilan 2024 - PRSE4 : focus sur l’action thématique autour du moustique tigre

Vecteur de maladies, le moustique tigre représente un enjeu sanitaire en expansion, appelant une réponse coordonnée entre tous les acteurs de la santé, de l’environnement et des collectivités. Focus sur les actions conduites en 2024 dans le cadre de l’Axe 5 « Biodiversité et santé » du PRSE4.

Un enjeu sanitaire croissant

Photo d'un moustique tigre ©signalement-moustique.anses.fr

Le moustique tigre (Aedes albopictus), vecteur de la dengue, du chikungunya et du virus Zika, poursuit son expansion en France métropolitaine. En Pays de la Loire, il a été détecté pour la première fois en 2014 et sa progression est marquée ces dernières années. Classé parmi les risques majeurs dans le rapport COVARS d’avril 2024, il incarne un défi de santé publique en lien direct avec les déséquilibres écologiques.

Graphique de l'évolution annuelle du nombre de communes colonisées par le moustique tigre en PdL (2015-2024)

Face à une hausse mondiale des arboviroses (1) - la dengue ayant vu son incidence multipliée par huit en 20 ans - la France constate une augmentation des cas autochtones (2), bien que sans épisode épidémique à ce jour. La lutte contre ce vecteur s’inscrit dans le cadre du PRSE4, au croisement des enjeux de biodiversité, de santé humaine et d’aménagement du territoire.

Les facteurs de prolifération

L’implantation d’Aedes albopictus est facilitée par :

  • le transport passif (routier, maritime),
  • les conditions climatiques favorables (20-30 °C, forte humidité),
  • la conception des bâtiments et les équipements extérieurs créant des rétentions d’eau de pluie, constituant des gîtes de ponte artificiels,
  • la baisse de biodiversité, limitant les prédateurs naturels.

Pour lutter contre la prolifération du moustique tigre dans la région, chacun peut agir à son niveau :

  • vider au moins une par semaine les petites réserves d’eau : coupelles de pot de fleurs, gamelles pour animaux, caisses, poubelles sans couvercle, seaux, arrosoirs, pieds de parasol, jeux pour enfants…
  • couvrir par un couvercle hermétique ou une moustiquaire les récupérateurs d’eau de pluie, les bidons et les petites piscines,
  • vérifier le bon écoulement de l’eau au niveau des terrasses et caillebotis, gouttières, chéneaux, caniveaux, bondes et siphons d’extérieur…

Un dispositif régional mobilisé

Sous l’impulsion de l’ARS, plusieurs actions sont déployées en 2024 :

1. La surveillance :

  • Réseau de pièges pondoirs,
  • Plateforme de signalement citoyen,
  • Déclaration obligatoire des cas d’arboviroses et réalisation d’investigations autour des cas destinées à maitriser le risque d’extension de la maladie
  • Enquêtes entomologiques.

2. La lutte ciblée autour des nouvelles implantations du moustique tigre ou des personnes atteintes d’arbovirose importée.

En cas de risque avéré de transmission de la maladie, des mesures graduées peuvent être mises en œuvre :

  • Suppression mécanique des gîtes ou traitement larvicide (BTi) de ceux qui ne peuvent être supprimés,
  • Traitement adulticide (3) ponctuel (deltaméthrine) visant à supprimer si nécessaire les moustiques adultes potentiellement infectés, en veillant à prévenir l’impact sur la biodiversité),
  • En parallèle, sensibilisation des habitants pour la destruction des gîtes larvaires dans les espaces privatifs et des communes sur le domaine public.

3. La mise en place de partenariats territoriaux :

ARS kit de com régional pour lutter contre le moustique tigre
  • Mobilisation des communes colonisées ou en voie de l’être à l’occasion de réunions départementales et mise à disposition d’un kit de communication régional,
  • Webinaires dédiés aux élus, aux pharmaciens :
  • Implication du réseau GRAINE et des acteurs associatifs.

Vers des alternatives aux biocides

Dans une démarche « One Health », une alternante de l’école Vetagrosup a engagé une réflexion à l’ARS Pays de la Loire pour réduire, voire supprimer, l’usage d’adulticides d’ici 2030. Plusieurs pistes sont explorées :

  • pièges adultes, insectes stériles (TIS),
  • solutions répulsives,
  • restauration de la biodiversité.

Cette transition reposerait sur l’implication d’un large réseau d’acteurs locaux et nationaux.

___

(1) Arbovirose : Maladie virale, provoquée par un arbovirus et transmise par la piqûre de divers arthropodes dont les moustiques.
(2) Cas autochtone : cas d’arbovirose contracté directement en France métropolitaine (vs cas importé, où la maladie est contractée en zone épidémique, par exemple les Antilles)
(3) Adulticides : insecticides utilisés pour tuer les moustiques adultes.

Partager la page