Campagne radon à Laval Agglomération, une action de santé publique au cœur des foyers

Depuis cet hiver, Laval Agglomération mène une campagne d’information et de mesure du radon auprès des particuliers. Une démarche, coordonnée avec plusieurs institutionnels, est inscrite dans le Contrat Local de Santé (CLS). Objectif : mieux connaître l’exposition des foyers à ce gaz radioactif naturel et sensibiliser la population aux enjeux plus larges de la qualité de l’air intérieur (QAI).

À Laval Agglomération, la campagne est une première. « Sur l’agglomération, il s’agit de la première campagne de mesure de radon chez les particuliers. Elle se poursuivra sur l’hiver 2025-2026 », explique Céline Heurtebize, coordinatrice du contrat local de santé (CLS).
 
Cette action fait suite à une campagne menée en 2021, à l’issue de mesures réglementaires obligatoires dans les Établissements Recevant du Public (ERP). Ces contrôles avaient mis en lumière la nécessité d’étendre l’information et la prévention au grand public. « L’objectif a été de permettre aux habitants de vérifier ce qu’il en était au sein de leur habitation », précise-t-elle.
 
Cette démarche s’inscrit aussi dans une politique plus globale, liant habitat, qualité de l’air et santé publique. Le radon, gaz incolore et inodore, d’origine naturelle, peut s’accumuler dans les bâtiments et représenter un risque sanitaire à long terme. En France, il est classé comme deuxième cause de cancer du poumon après le tabac.
 

Un travail collectif articulé avec les politiques locales d’habitat et de santé

La campagne radon n’est pas isolée. «  Cette démarche fait l’objet d’un travail en lien avec les services en charge de l’habitat et de corréler avec la qualité de l’air intérieur », souligne Céline Heurtebize.
 
Cette opération complète à la fois,
- les obligations de mesure des ERP,
- les actions de sensibilisation à la QAI,
- et les démarches d’amélioration de l’habitat.
 
Le pilotage de cette démarche est confié au Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement (CPIE) Mayenne Bas-Maine, déjà expérimenté en matière de sensibilisation environnementale. Le financement provient de l’Agence Régionale de Santé (ARS), de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), de la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL).et de Laval Agglo. L’opération bénéficie du soutien logistique et communicationnel de Laval Agglomération en s’appuyant notamment sur le réseau des référents santé des trente-quatre communes. « Le CPIE organise le calendrier, les échanges avec les habitants et assure le suivi des situations nécessitant un accompagnement personnalisé. L’ARS valide la démarche et participe aux réunions publiques », détaille Céline Heurtebize.
 
Du côté de Laval Agglomération, la mobilisation a dépassé la seule direction santé-handicap. Les services habitat, Plan Climat Air Energie territorial (PCAET), communication et conseillers en énergie ont pris part à l’action, illustrant l’approche transversale prônée par le CLS.

Une campagne pour sensibiliser, mesurer, accompagner

La campagne repose sur plusieurs étapes clés :
 
- Des réunions publiques. Trois réunions ont été organisées, réunissant le CPIE, l’ARS, le CLS et les élus locaux. « Nous avons vu 120 personnes au total en réunion publique, qui sont reparties avec le sentiment d’avoir appris de choses », relate Céline Heurtebize
 
- La distribution de kits de mesure. Environ 300 kits ont été fournis aux foyers volontaires. Dans l’attente du renouvellement d’un appel d’offre ministériel, leur mise à disposition a été légèrement retardée. Mais des permanences supplémentaires pour pallier cette distribution décalée ont permis de répondre à la demande.
 
- Un suivi personnalisé. En cas de résultats élevés, un accompagnement est prévu avec Synergies 53. Cet intervenant identifie et propose un plan d’action adapté de mesures correctives (amélioration de la ventilation, aménagement spécifiques). « Un volume de 10% de remédiation est prévu pour les foyers avec les plus forts taux de radon », précise-t-elle.
 
Les résultats globaux ne sont pas diffusés publiquement, mais les habitants concernés reçoivent une information individuelle et un appui si nécessaire.

Au-delà du radon, une porte d’entrée sur la qualité de l’air intérieur

Même si l’évaluation complète de cette campagne est en cours, certains constats émergent déjà.
 
- Les habitants ont manifesté un intérêt réel et ont jugé l’information utile.
- Des inquiétudes ont été exprimées, nécessitant de rassurer sur les suites données et la confidentialité des résultats.
- Les réunions publiques ont été jugées constructives, favorisant les échanges.
 
Cette campagne dépasse la seule problématique du radon. Elle est pensée comme une sensibilisation plus large sur la QAI. «  Le radon est inclus dans une approche générale de la qualité de l’air intérieur », confirme Céline Heurtebize. Cependant, il est encore trop tôt pour évaluer l’impact sur les comportements (pratiques d’aération ou travaux). « Cela semble compliqué de faire cette évaluation, sauf si les personnes ayant fait les mesures l’abordent dans les échanges lors de la clôture. Il n’est pas prévu de mener une enquête sur d’éventuels changements de pratiques », précise Céline Heurtebize.
 
Une seconde phase de mesure est prévue pour cet hiver 2025-2026, afin d’élargir le dispositif à un plus grand nombre de foyers. « Cette campagne permet de mieux informer les habitants. Dans le même temps, nous pouvons présenter le Contrat Local de Santé et les actions en lien notamment avec la qualité de l’air », insiste Céline Heurtebize.
 
Cette campagne associe habitants, collectivités et acteurs institutionnels, dans une approche intégrée liant habitat, énergie et santé. Comme le résume Céline Heurtebize : « Cette mesure peut nous permettre de mieux connaître le territoire sur la présence du radon. Elle a permis aussi de présenter le travail fait lors de webinaires avec différents groupes de professionnels. »
 
La réussite de cette campagne repose sur la capacité à combiner rigueur scientifique, accompagnement concret des habitants et ouverture vers une réflexion plus large sur la qualité de vie au sein des logements.

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