Urbanisme et santé : vers toujours plus d’interactions

publié le 10 décembre 2020

Maladies chroniques, santé mentale, perte d’autonomie, sédentarité… Jusqu’à 80 % de notre état de santé général dépendrait de facteurs environnementaux (physique, social et économique), faisant de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire des leviers majeurs en matière de santé publique.

Jeudi 26 novembre, dans le cadre du groupe de travail « Cadre de vie, Urbanisme et santé » du PRSE 3, un webinaire a réuni Albert Lévy, architecte urbaniste, Cyrille Harpet, enseignant-chercheur à l’École des Hautes Études en Santé Publique et Corinne Lécluse, Ingénieure d’études sanitaire à l’ARS Pays de la Loire.

Devant plus de 170 participants, leurs éclairages ont permis de mieux comprendre les interactions entre urbanisme, cadre de vie et santé, mais également de croiser les regards et les approches pour continuer à fédérer les réseaux d’acteurs.


Urbanisme et santé publique : des approches historiquement liées

Dès le début du 19e siècle, la révolution industrielle dégrade la qualité de l’environnement dans les villes et engendre une recrudescence des maladies. Paludisme, tuberculose ou variole inquiètent et donnent naissance aux premières politiques hygiénistes. « L’objectif est alors de prévenir plus que de guérir » explique Albert Lévy. « En améliorant l’ensoleillement des bâtiments, la circulation de l’air et plus globalement la qualité des cadres de vie, l’urbanisme devient un puissant levier en matière de santé publique ».

Des phalanstères* aux cités-jardins, des titanesques travaux d’Haussmann aux premiers Habitats bon marché, lois sanitaires et expériences urbanistiques se prolongeront jusqu’aux années 1970. Les progrès fulgurants de la médecine, l’explosion démographique dans les villes et la remise en cause progressive des grands ensembles sonnent alors la fin des politiques hygiénistes au profit d’approches plus globales, intégrant de nouvelles complexités économiques, sociales, culturelles et sanitaires.

Assumer une approche coordinatrice et intégratrice

« À l’échelle mondiale, plus de 50 % de la population habite désormais dans de grandes zones urbaines » rappelle Cyrille Harpet. Leur impact environnemental, conjugué à la multiplication des acteurs, des démarches et des échelons décisionnels en font « des écosystèmes complexes qui nécessitent une gouvernance élargie. » Comme en témoignent les travaux prospectifs d’Angers Loire Métropole, variations démographiques, contraintes naturelles et pollutions diverses intègrent désormais les diagnostics qui nourrissent les réponses territoriales à moyen et long terme. La santé, cependant, reste encore peu évoquée.

Parallèlement à une acculturation accrue des urbanistes aux enjeux environnementaux, l’action publique doit assumer une approche coordinatrice et transdisciplinaire : les dimensions transversales et décloisonnées des PPA (plan de prévention de l’atmosphère), PLHI (plan local de lutte contre l’habitat indigne) ou PCAET (plan climat air énergie territorial) sont là pour le rappeler. Un urbanisme véritablement favorable à la santé doit s’accompagner d’une prise en compte accrue des déterminants de santé dans les codes de l’urbanisme et de l’environnement.

Accompagner et renforcer les démarches élaborées localement

Pauvreté, accès aux soins, dépendance… Si en Pays de la Loire l’espérance de vie continue d’augmenter, des inégalités sociales et territoriales en matière de santé publique perdurent. Des analyses infra-territoriales attestent d’enjeux plus spécifiques sur certains territoires : indicateurs de santé dégradés dans les quartiers défavorisés, démographie des personnes âgées en croissance sur le littoral et des enjeux forts sur la dépendance en zone rurale, etc. Corinne Lécluse insiste sur le fait que « les pressions liées aux activités humaines peuvent impacter les milieux, et qu’il faut tenir compte de vulnérabilités spécifiques (ressources en eau), de l’impact de la pollution chronique de l’air (et non seulement des pics de pollution), de la présence d’habitat indigne, … »

Pour toujours mieux les prendre en compte, dans le cadre du PRSE 3, l’ARS Pays de la Loire propose aux collectivités de les accompagner sur la mise en œuvre des Évaluations d’impacts en santé (EIS). En croisant des données démographiques et environnementales, en recueillant des avis d’experts et en interrogeant les perceptions des populations, ces études éclairent les décisions et renforcent les démarches impulsées localement. Mise en synergie des acteurs, développement d’actions en faveur de la promotion de la santé et de la prévention, croisement et enrichissement des regards et des approches, les Contrats locaux de santé forment plus que jamais les prérequis pour développer un urbanisme favorable à la santé.

*ensemble de logements organisés autour d’une cour couverte centrale, lieu de vie communautaire

Vous retrouverez ci-dessous les présentations de la matinée : 


Urbanisme et Santé - Mise en perspective historique, enjeux d’un urbanisme plus favorable à la santé de tous, priorités d’actions et travaux en cours :


Urbanisme et santé publique : de l’hygiénisme à l’écologisme (format pdf - 7.1 Mo - 10/12/2020) - Albert Lévy, architecte urbaniste 






Santé publique et environnement urbain : quel urbanisme favorable à la santé ? (format pdf - 2.6 Mo - 10/12/2020) - Cyrille Harpet, enseignant-chercheur à l’Ecole des Hautes études en Santé publique 





Enjeux régionaux et cadre d’actions santé-environnement en Pays de la Loire :


Enjeux régionaux et Cadre d’actions Aménagement-Urbanisme et Santé (format pdf - 2.7 Mo - 10/12/2020)  - Corinne Lécluse, ingénieure d’études sanitaire à l’ARS Pays de la Loire 
 



Retrouvez les enregistrements vidéos des interventions ainsi que l’ensemble du webinaire :

- Intervention d’Albert Lévy

- Intervention de Cyrille Harpet

- Intervention de Corinne Lécluse

- Intégralité du webinaire