[Restitution conférence 25/03] Protéger les tout-petits des substances chimiques : une priorité partagée, des solutions concrètes
Dans les crèches, l’air intérieur, les produits ménagers ou le mobilier peuvent contenir des substances chimiques nocives pour les tout-petits. Face à cet enjeu de santé publique, l’Agence Régionale de Santé (ARS) et ses partenaires ont lancé un programme ambitieux à destination des structures de la petite enfance. Une conférence organisée le 25 mars a marqué le début de cette mobilisation collective, rassemblant plus de 200 participants autour de solutions concrètes.
Dans le cadre du Plan Régional Santé Environnement (PRSE) et en cohérence avec les recommandations du rapport sur les 1000 premiers jours, 216 professionnels de la petite enfance, collectivités et experts se sont réunis pour répondre à une question centrale : comment réduire l’exposition des jeunes enfants aux substances chimiques du quotidien ?
Karen BURBAN-EVAIN, directrice santé publique et environnementale à l’ARS, a ouvert la conférence en insistant sur l’importance d’une action collective, accessible à toutes les structures du département. Ce rendez-vous marque le lancement d’un programme construit en lien avec les réalités du terrain.
Docteure Nathalie JANNIN-BURONFOSSE, médecin cheffe de la PMI, a rappelé combien les tout-petits sont vulnérables aux polluants intérieurs, soulignant la nécessité d’agir dès les premières années.
L’ingénieure chimiste Anne LAFOURCADE, spécialiste en santé environnementale, a ensuite partagé son expertise. Depuis plusieurs années, elle accompagne crèches et collectivités dans la réduction des polluants. Son approche se veut scientifique, concrète et bienveillante : « Il ne s’agit pas de culpabiliser, mais de savoir et d’agir avec bon sens. »
Pourquoi agir dès la petite enfance ?
Les bébés sont bien plus sensibles aux substances chimiques que les adultes. Leur système immunitaire et leurs organes sont encore en développement, et ils passent jusqu’à 90 % de leur temps en intérieur, souvent dans des lieux peu ventilés.
Perturbateurs endocriniens, composés organiques volatils (COV), biocides… Ces substances sont partout, et leurs effets, parfois invisibles à court terme, peuvent impacter la santé sur le long terme : troubles hormonaux, asthme, obésité, troubles neurologiques…
Le rapport des 1000 premiers jours, piloté par Boris Cyrulnik, rappelle l’importance de cette période clé et recommande de renforcer la qualité de l’environnement dans les lieux d’accueil collectif.
Le programme SAFE-Li : un soutien concret pour les crèches
Pour répondre à ces enjeux, l’ARS des Pays de la Loire déploie en Loire-Atlantique le programme SAFE-Li. Ce dispositif accompagne les établissements d’accueil du jeune enfant dans l’identification et la réduction des polluants intérieurs.
L’originalité du programme repose sur une méthodologie de terrain, construite en lien avec les professionnels. Deux groupes projets ont ainsi été constitués, réunissant des établissements des secteurs de Saint-Nazaire et du Pays de Retz. Ces structures pilotes vont expérimenter des changements de pratiques et des améliorations concrètes de leur environnement intérieur. Leur retour d’expérience servira ensuite à inspirer et alimenter les échanges avec les autres établissements du département, dans une logique de partage et de diffusion des bonnes pratiques.
Tout commence par un audit pédagogique : tri des produits, revue des pratiques, repérage des matériaux, sensibilisation des équipes. Les actions sont ensuite hiérarchisées pour avancer à petits pas, sans bouleverser les habitudes.
Anne LAFOURCADE insiste : « Il ne s’agit pas de viser la perfection, mais de progresser ensemble, avec des choix éclairés. »
Les professionnels présents ont exprimé un besoin clair : disposer de repères fiables, d’outils concrets et d’un accompagnement. Comme le disait une participante : « On sait qu’on peut mieux faire, mais on ne sait pas toujours par où commencer. »
Quels gestes pour limiter l’exposition ?
Pas besoin de tout changer pour bien faire. De nombreuses actions sont simples et peu coûteuses - encore faut-il les connaître.
Parmi les recommandations :
- Aérer régulièrement les locaux,
- Éviter les sprays parfumés et désodorisants,
- Choisir des produits ménagers simples et certifiés,
- Privilégier des matériaux bruts ou labellisés pour le mobilier,
- Être attentif à la composition des jouets.
Anne LAFOURCADE résume : « Un sol propre ne sent pas la lavande chimique. Il ne sent rien. » Et pour le mobilier : « Mieux vaut du bois brut ou du métal. Et si c’est du neuf, aérez-le quelques semaines avant utilisation. »
Les échanges ont aussi mis en lumière les freins : manque de formation, coût des alternatives, contraintes réglementaires… Mais surtout, une volonté commune d’agir, de partager et d’avancer ensemble.
Témoignage : à Trignac, une crèche déjà engagée
La crèche associative “Les Petits Moussaillons” à Trignac, qui accueille 40 enfants avec une équipe de 18 professionnels, participe au programme SAFE-Li. Sa directrice Nadège Morel et l’infirmière référente Solen Goupil saluent un projet qui « renforce leur motivation ».
Déjà sensibilisée aux enjeux de santé environnementale, l’équipe se heurte parfois aux limites budgétaires ou normatives, notamment pour les jeux ou l’alimentation. Mais tous les métiers sont mobilisés, et le besoin d’accompagnement reste fort.
Le public accueilli étant souvent fragile, les professionnelles constatent les impacts des polluants sur la santé des enfants. Pour elles, SAFE-Li représente « un point d’appui essentiel ». Le soutien de la ville de Trignac est aussi déterminant.
Conclusion
La conférence marque un tournant : celui d’une mobilisation collective pour améliorer les environnements de vie des enfants. Elle montre qu’un changement progressif des pratiques en crèche est possible, avec méthode et bienveillance.
Les échanges ont permis de partager des savoirs, de dépasser des idées reçues et de lancer une dynamique concrète. Il s’agit de repenser les choix du quotidien, former les équipes, impliquer les familles et lier santé, écologie et éducation.
Des solutions simples existent pour réduire l’exposition des enfants aux substances toxiques.
Le programme SAFE-Li, soutenu par l’ARS en Loire-Atlantique, propose un accompagnement structuré : modules pédagogiques, ateliers, plan d’action personnalisé. Les crèches participantes deviendront des structures pilotes.
Un bilan sera partagé en fin d’année.
Anne Lafourcade a rappelé : « Notre mission, c’est de faire de la protection et de construire ensemble la santé des enfants. »
Pour aller plus loin : https://www.recocreches.fr/outils-recocreches