PRSE4 : Agir sur les inégalités sociales et territoriales de santé

publié le 15 février 2024

Le nouveau PRSE4 souhaite agir, par le biais de ses actions, contre les inégalités sociales et territoriales de santé. Entretien avec Sylvie Lamarque, directrice de l’antenne Maine-et-Loire (49) de l’IREPS (Instance Régionale d’Education et de Promotion Santé), coordinatrice régionale de la réduction des inégalités sociales de santé.

Pour comprendre la définition et les enjeux des inégalités sociales et territoriales de santé, lisez l’article« Les enjeux du PRSE4 : la réduction des inégalités sociales et territoriales de santé »

Que faut-il faire pour réduire les inégalités sociales de santé ?

Partant du principe que l’inégalité de distribution des ressources est liée au modèle de société dans laquelle nous vivons, elle peut donc être réduite si nous décidons, tous ensemble, d’agir dessus pour plus de justice sociale. Il y a donc des enjeux à tous les niveaux.

L’équité en santé
L’équité en santé est une démarche qui consiste à faire en sorte que tout individu ait la possibilité d’accéder et d’utiliser l’ensemble des ressources disponibles pour atteindre un état de santé optimal, et ce, sans être restreint par son statut socio-économique et/ou son appartenance à tel ou tel groupe social qu’il soit lié au genre, à l’orientation sexuelle, à l’appartenance ethnique, etc.

Agir précocement
Les inégalités sociales de santé affectent également les enfants, dès la grossesse, et ont une incidence sur leur état de santé. Elles se répercuteront et s’amplifieront tout au cours de leur vie et auront un fort risque d’impacter les générations à venir. Intervenir le plus précocement possible sur la réduction des inégalités est reconnu comme une stratégie efficace.

Les habitants acteurs de leur santé
Pour que tous les mesures mises en place soient plus efficaces, il est primordial de replacer l’habitant comme acteur de la dynamique de réduction. Il est important d’éviter les informations générales et descendantes pour privilégier les démarches locales et impliquantes qui permettent de mieux comprendre les besoins, les perceptions et les attentes des habitants sur leur propre territoire.

Soutenir et/ou créer un environnement favorable à la santé
Soutenir ou créer un environnement favorable à la santé permet aux individus d’être plus épanouis et de mieux vivre. Ceci peut se faire à travers l’aménagement du territoire, la préservation des espaces et ressources naturelles, le système éducatif, le système de santé, les conditions de travail et de logement, l’accès aux loisirs et à la culture ou encore en favorisant les liens sociaux […]

Comment cela peut orienter les actions du PRSE ?

Les travaux menés dans le cadre des ateliers du PRSE4 montrent la diversité des sujets proposés et une partie de l’ampleur du chantier qui nous attend si nous souhaitons agir tous ensemble.

Intersectorialité
L’un des principaux leviers est la transversalité de la prise en compte de la santé dans toutes les politiques publiques. Comprendre que la santé n’est pas que Sanitaire et n’est pas l’affaire que des professionnels sanitaires et médico-sociaux. C’est notamment l’objet des différentes coordinations en lien avec la santé déployées sur le territoire : les Contrats Locaux de Santé (CLS), les Projets Territoriaux de Santé Mentale (PTSM) mais également les réseaux tels que le réseau français des Villes Santé, les projets alimentaires territoriaux (PAT)…

Culture commune
Pour une meilleure prise de conscience, il est important de partager une culture commune de la santé et de la réduction des inégalités sociales de santé (ISS) pour élargir le nombre d’acteurs agissant sur la santé. Sur la région Pays de la Loire, un travail de 2 ans a été mené par le collectif Interactions (anciennement Promosanté), pour permettre aux acteurs locaux de mieux comprendre les ISS et intervenir dans leur réduction.

Au cours des 18 derniers mois, l’ARS a également financé 5 postes de chargées de mission de la réduction des ISS à l’IREPS permettant de diffuser cette culture commune sur les différents départements des Pays de la Loire.

Habitants au cœur du dispositif : démarches participatives individuelles et collectives
Il est important de motiver l’autonomisation et le pouvoir d’agir des individus et des groupes qui connaissent le mieux leur environnement et leur besoin pour une meilleure santé. Les démarches participatives sont donc une des clés de réussite de la réduction des ISS. Elles garantissent également une plus grande pérennité aux actions menées car elles sont mieux adaptées et mieux comprises.

De l’accompagnement individuel et collectif est nécessaire pour permettre cette inclusion de l’habitant et la prise en compte de ses choix et de ses décisions. De nouveaux métiers qui permettent de travailler les démarches participatives individuelles et collectives émergent depuis plusieurs années : médiateur en santé, facilitateur communautaire, animateur, … Des exemples de démarches communautaires en santé existent déjà (Médecins du Monde programme carcéral et programme 4I sur les pays de la Loire, Aids, Institut Cancérologie de l’Ouest en cours sur le quartier de la roseraie à Angers)

S’adapter à l’habitant : Littératie en santé

La littératie en santé désigne une démarche initiée par une personne sur la base de sa motivation, de son niveau de connaissance et sur ses compétences,

• En recherche d’informations
• En lecture
• En prise de décisions
• En résolution de problèmes,
• En gestion du stress, etc.

lui permettant de prendre des décisions éclairées dans le but de maintenir et de promouvoir sa qualité de vie, tout au long de son existence.

Ce processus est un cycle qui intègre l’accès, la compréhension, l’évaluation et l’application de l’information. Il peut être facilité par la création d’environnements pro-littératie, qui aident à la compréhension : traducteur allophone, technique « facile à lire et à comprendre », symbole ou couleur utilisés pour faciliter les parcours, …

Universalisme proportionné
Pour parvenir à plus d’équité, plusieurs éléments sont à prendre en compte, en particulier, les possibilités et les besoins de chacun. Il s’agit alors d’adapter le projet aux personnes auprès desquelles on souhaite intervenir afin qu’il soit le plus cohérent et le plus efficace possible. Par exemple, mettre en place des actions « santé pour tous » avec une intensité proportionnelle aux besoins et aux obstacles auxquels se heurtent certains groupes, ou encore organiser d’ « aller vers » les groupes de population qui présentent des freins d’accès à un service ou une action.

Dossier sur les inégalités de santé du collectif Interactions (anciennement PromoSanté) :
Réduction des inégalités sociales de santé et équité en santé – Promo Santé (promosante.org)