Les enjeux du PRSE4 : l’adaptation au changement climatique

publié le 15 février 2024

Trois enjeux chapeau transversaux ont été identifiés pour le PRSE4, fixés par le comité de pilotage. L’adaptation au changement climatique et son impact sur la santé, dont les conséquences sont déjà largement constatées, devra fortement marquer le PRSE4. Entretien avec Antoine Charlot, directeur du Comité 21 Grand Ouest et animateur du GIEC Pays de la Loire.

Quels sont les grands indicateurs du réchauffement climatique en Pays de la Loire et quels sont leurs risques pour la santé des populations ?

Le réchauffement climatique
Le réchauffement climatique est un réchauffement mondial, avec des températures qui augmentent de l’ordre de 1,2 degré par rapport au début du siècle. De par sa proximité avec l’océan Atlantique, la France se réchauffe légèrement plus vite que le reste du monde. Ce réchauffement mondial a des répercussions en France, ainsi qu’en Pays de la Loire. En effet, l’augmentation des températures est aujourd’hui de 1,6 degrés dans la région (par rapport aux années 1960-1990).

Si la neutralité carbone d’ici à 2050 n’est pas respectée, cette augmentation pourrait atteindre +4,5 degrés en Pays de la Loire d’ici la fin du siècle, avec des vagues de chaleur importantes.

En 2003, la canicule a engendré environ 1 000 décès anticipés sur le territoire des Pays de la Loire. En 2022, c’est une canicule de 33 jours qui a été enregistrée.

Ces vagues de chaleurs et ces nuits dites « tropicales » ont un très gros impact sur la santé des populations. Lorsque le corps ne se refroidit pas, qu’il est toujours en tension, les personnes les plus vulnérables se retrouvent fortement fragilisées. De plus, ces périodes de forte chaleur sont corrélées avec des risques UV bien plus importants, pouvant impacter le nombre de cancers de la peau.

Ces fortes chaleurs représentent un gros enjeu pour l’adaptation de nos lieux de vie : logement, établissements recevant du public, villages et villes (ex : lutte contre les ilôts de chaleur).

Les précipitations et les risques associés
En Pays de la Loire, les 4 saisons habituelles se transforment progressivement en 2 saisons : une saison humide (de novembre à mars) et une saison sèche (d’avril à novembre). Avec une précipitation tardive, l’accroissement des végétaux se déroule alors bien plus tôt dans l’année, entrainant une saison pollinique précoce. La concentration en allergènes et en pollen dans l’atmosphère devient alors plus importante, ce qui va avoir un impact sur la santé des populations et notamment les personnes allergiques.

Au-delà des risques d’allergies, une végétation qui croît, une température qui augmente et un taux d’humidité élevé facilite la prolifération d’un certain nombre d’insectes. C’est notamment le cas des tiques pouvant véhiculer certaines maladies : Lyme, encéphalite à tique, … La présence d’aoûtats, de frelons, de guêpes ou encore de mouche noire évolue également au fil des années et dont les piqûres peuvent entraîner un certain nombre de réactions. L’arrivée du moustique tigre dans la région a marqué une progression importante en 2023, puisque à la fin de l’été, plus de 30 communes étaient reconnues colonisées. Ce moustique est impliqué dans la transmission de pathologies telles que la dengue, le chikungunya ou le virus Zika.

La pollution
Avec une atmosphère très chaude, la concentration en polluants se retrouve augmentée et le risque sur la santé respiratoire des populations également. Dans les grandes villes, des alertes sur la qualité de l’air sont régulièrement lancées.

En France, 40 000 décès seraient attribuables à une exposition aux polluants atmosphériques, un nombre bien plus élevé que les accidents de la route. En Pays de la Loire, ce sont 2 530 décès évitables qui sont associés à la pollution atmosphérique (Santé publique France, 2016).

La santé mentale
Indicateur sociologique, la santé mentale peut être directement impactée par le changement climatique. En premier lieu, l’éco-anxiété qui touche de plus en plus de jeunes. Face aux problématiques climatiques mondiales, un sentiment d’impuissance et un découragement peut être ressenti chez certaines personnes. En second lieu, la santé mentale fragilisée lors d’épisodes de températures extrêmes ainsi que des changements de saisons de plus en plus brutaux.

La quantité et la qualité de l’eau
En Pays de la Loire, seulement 11% des masses d’eau sont en bon état écologique. A chaque degré supplémentaire, l’eau s’évapore de 7% supplémentaire. Avec une quantité moins importante d’eau, c’est la question de l’équilibre entre les différents usages devient cruciale. D’autant plus que cela engendre également un effet de concentration des polluants, entraînant un risque pour le traitement de l’eau destinée à la consommation humaine.

Le retrait et gonflement de l’argile
Aujourd’hui, à l’est de la région, une partie du territoire est basé sur des sols très argileux, qui gonflent au contact de l’eau et se rétractent en cas de sécheresse. Ce phénomène impacte les infrastructures, les ponts, les routes et les logements. De plus en plus de logements se retrouvent fragilisés et de nombreuses études portent une attention particulière au risque d’effondrement.

En quoi ces indicateurs peuvent-ils orienter les actions du PRSE4 ?

Le PRSE4 a pour rôle de porter les sujets de santé-environnementale et de santé-climat à l’échelle régionale et d’interpeller les politiques locales dans ce sens. L’objectif étant d’intégrer ces questions dans les plans locaux d’urbanismes, les schémas de cohérence territoriales, les plans-climat ou encore les contrats locaux de santé des Pays de la Loire. Pour limiter l’impact du changement climatique sur la santé, les politiques publiques locales doivent intégrer cette problématique dans leurs réflexions, et donner les leviers utiles à la population.

Lien vers les rapports du GIEC Pays de la Loire :
Publication du 1er rapport du GIEC Pays de la Loire (comite21grandouest.org)
giec-des-pays-de-la-loire---2e-rapport.pdf (comite21.org)