Des cours et abords d’écoles favorables à la santé : Un atelier de partage de pratiques organisé par l’ARS et le Comité 21 Grand Ouest
Mardi 5 novembre 2024, une trentaine de personnes (collectivités, as-sociations, bureaux d’études, services de l’état…) se sont réunis pour échanger et monter en compétence sur l’aménagement de cours d’écoles favorables à la santé. L’occasion de croiser les expériences d’acteurs diversifiés et de définir les priorités d’actions lors d’une table ronde et à travers un atelier collaboratif.
Regards croisés : l’UFS à travers les projets expérimentaux d’aménagement des cours d’écoles
Les perspectives d’un urbanisme favorable à la santé (UFS) sont introduites dans le quatrième axe "Cadre de vie, aménagement et santé". Cet atelier, qui concrétise cet axe du PRSE 4, porte sur l’aménagement des cours d’écoles. Elles constituent un lieu pédagogique important pour toutes et tous, et ce, dès le plus jeune âge, pour que l’enfant puisse s’épanouir aussi bien sur le plan physique que social dans un environnement favorable. Le cadre de vie exerce une influence déterminante sur la santé et sur lequel il est possible d’agir de manière positive : réduire les facteurs de stress, encourager des comportements sains, proposer un environnement apaisé et sécurisé, etc. C’est un sujet captivant pour beaucoup de collectivités et d’acteurs des Pays de la Loire.
Cette rencontre a été l’opportunité de mettre en avant plusieurs retours d’expérience. Ceux-ci ont été présentés lors d’une table ronde réunissant le CPIE 53 (Centre permanent d’initiatives pour l’environnement), l’AURAN (Agence d’Urbanisme de la Région Nantaise), CultureBiome et le CAUE 72 (Conseil Architecture Urbanisme Environnement). Cela a permis d’engager des discussions sur les différentes phases d’un projet d’aménagement de cours, l’intégration des enjeux de santé et l’intérêt de développer quelques indicateurs associés aux déterminants de santé.
CultureBiome a accompagné la transformation de cinq groupes scolaires à Saint-Sébastien-sur-Loire engagés dans un projet de désimperméabilisation et de végétalisation. Cette démarche a été construite en concertation avec l’ensemble des parties prenantes : élus, enseignants, ATSEM (agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles, élèves, parents d’élèves, agents des services techniques et agents d’entretien des bâtiments. Intégrant dès le départ plusieurs déterminants de santé, le projet a pris en compte ces enjeux à chaque étape, de la sélection des initiatives jusqu’à leur suivi et évaluation. Les premiers retours sont très positifs, avec une attention particulière portée à l’évolution des besoins d’une année sur l’autre.
En tant que conseiller des collectivités, l’AURAN (Agence d’urbanisme de la région nantaise) s’est penchée sur les enjeux des cours d’écoles, qui recoupent de nombreux aspects liés à la qualité de vie et à la santé. Pour accompagner les communes adhérentes, elle a développé un ensemble d’outils permettant de planifier et de répondre aux besoins humains et matériels, tout en intégrant un budget, un plan de gestion et un accompagnement spécifique des usagers (enseignants, parents, enfants…).
Ces projets s’articulent principalement autour de deux axes majeurs : l’adaptation au changement climatique et le bien-être des enfants, qui guident l’ensemble des étapes de mise en œuvre. Leur application varie selon les communes, mais intègre souvent des actions en faveur de la santé, comme l’installation de points d’eau ou l’augmentation de la canopée végétale pour limiter la chaleur dans les cours. Pour l’AURAN, la clé du succès réside avant tout dans une communication fluide et continue tout au long du projet.
Le CPIE Mayenne Bas-Maine (Centre permanent d’initiatives pour l’environnement), avec le soutien de l’ARS, a accompagné plusieurs écoles volontaires dans la co-conception du réaménagement de leurs cours, en impliquant les usagers (direction, équipe enseignante, équipe technique, élèves, etc.) et en intégrant des enjeux de santé, socio-éducatifs et environnementaux.
Cette démarche participative s’est articulée autour de deux volets : un diagnostic partagé et une sensibilisation aux thématiques de santé, d’environnement et de bien-être à l’école. Malgré certaines difficultés et le budget restreint du maître d’ouvrage, plusieurs facteurs clés de réussite ont émergé. Parmi eux : l’importance d’une approche collaborative, l’utilisation d’une boîte à outils, un accompagnement favorisant le passage à l’action, la rédaction d’un document synthétique avec un diagnostic et des conseils techniques, ainsi que l’engagement du maître d’ouvrage.
Le CPIE 85 (Centre permanent d’initiatives pour l’environnement), avec le soutien de l’ARS, a accompagné l’expérimentation de la végétalisation et de la désimperméabilisation des cours d’écoles, dans le but de promouvoir un cadre de vie urbain plus adapté aux enjeux de santé, au changement climatique et à l’épanouissement pédagogique des enfants et des enseignants. Cet accompagnement a porté sur la rénovation de la cour d’un accueil périscolaire en milieu rural. Le CPIE 85, accompagné d’un consultant expert en aménagement et santé, a apporté son expertise en sensibilisant les élus de la Communauté de communes aux enjeux de santé, en facilitant un travail de concertation et en proposant des recommandations pour un aménagement bénéfique. Dès le cadrage du projet, il a joué un rôle clé dans son diagnostic et sa conception, en animant des ateliers participatifs et de sensibilisation. Afin d’assurer une capitalisation efficace, l’un de ses atouts majeurs a été d’adopter une approche adaptée dès le début de l’accompagnement UFS.
Présent lors de la table ronde, le CAUE 72 (Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement) a partagé son retour d’expérience sur les projets de cours et abords d’écoles favorables à la santé et au bien-être de l’enfant. Sa démarche repose sur des ateliers de sensibilisation avec et pour les enfants ainsi que sur l’accompagnement des collectivités dans la réalisation des aménagements. Dans ces ateliers, s’appuyant notamment sur la démarche des cours Oasis du CAUE 75, axée sur le bien-être, les enfants, acteurs clés, expriment leurs ressentis sur leur cour. La question des déterminants de santé, souvent absente au départ, s’intègre progressivement grâce à une méthodologie affinée par le CAUE 72. L’objectif va au-delà de la végétalisation : il s’agit d’inscrire la cour dans son environnement, notamment en milieu rural. Pour évaluer les impacts, le CAUE 72 travaille en lien avec l’ARS et la DDT72, sur un tableau de recueil et de suivi de données (avant/après travaux) in situ afin d’évaluer à terme l’impact (sonore, lien social, adaptation au changement climatique…) des aménagements réalisés. Même sans aboutir encore à des réalisations concrètes, cette démarche marque une avancée dans la prise en compte de la santé et l’implication des enfants pour un cadre de vie amélioré.
Sensibilisation et échanges sur les bonnes pratiques
La table ronde a été suivie d’un atelier « carrefour » recueillant témoignages, ressources, expertises, enrichi par la diversité des participants.
Les participants s’accordent :
Il est essentiel de repenser la cour d’école sous le prisme de la végétalisation, mais aussi de tenir compte de l’ensemble des facteurs qui agissent sur la santé, qu’ils soient environnementaux (eau, air, bruit, sols, chaleur, etc), sociaux (interactions sociales, compétences individuelles, etc) ou qu’ils permettent d’agir sur les comportements (activité physique notamment).
L’atelier est une opportunité pour faire progresser certains projets, mobiliser les acteurs concernés par les enjeux de santé et favoriser le travail en réseau afin d’avancer plus sereinement vers des réalisations concrètes.
En bref, ce que l’on retient
Ce qui ressort de cet événement, c’est avant tout l’importance de créer une culture commune autour du projet de (ré)aménagement de la cour. L’objectif est d’aller au-delà de la seule végétalisation pour intégrer des enjeux systémiques tels que l’adaptation au changement climatique, l’environnement favorable à la santé, l’éducation et l’inclusion.
Il apparait également essentiel d’élargir le périmètre et de réfléchir à son intégration ainsi qu’à son utilité à l’échelle du quartier ou de la commune. Ces projets représentent également de précieuses opportunités pour mobiliser un large public, et exige un engagement fort et une dynamique collective.
Des échanges à poursuivre …
Cet atelier a démontré le fort intérêt des acteurs et actrices du territoire pour ce sujet. Cela invite la communauté de l’axe 4 du PRSE à poursuivre le partage de ressources et d’expériences en s’adaptant à différents contextes, en particulier les zones plus rurales.
Enfin, il convient de continuer à affiner les déterminants de santé et les indicateurs disponibles afin d’évaluer chaque phase d’un projet de manière plus précise.
Les acteurs et actrices pourront prochainement (en cours) retrouver des documentations, des guides méthodologiques et des retours d’expériences sur le centre de ressources Urbanisme et aménagement : des leviers pour la santé. (www.urbanisme-etsante.org)
Pour aller plus loin, l’ARS des Pays de La Loire propose, pour aider au diagnostic : une grille de déterminants de santé concernés par l’aménagement de cours d’écoles et leurs abords