Le Tertre Rouge au Mans : une maternité engagée dans la santé environnementale

Pourquoi la santé environnementale représente-t-elle une thématique importante pour votre maternité ?

En tant que professionnels de la santé, nous sommes des prescripteurs. Les gens nous font confiance, donc il faut que l’on véhicule les bonnes informations. On sait que la période des 1000 premiers jours est très importante pour que le bébé démarre sa vie dans les meilleures conditions, et aussi pour que la maman vive sa grossesse au mieux. Pendant ces 1000 jours, le bébé est particulièrement concerné par tous les perturbateurs endocriniens, parce qu’il explore davantage son environnement.

Quelles actions concrètes ont été mises en place dans votre maternité ?

Beaucoup de chose. D’un point de vue hygiène et cosmétiques, les couches ont changé, nous travaillons avec des marques éco-responsables, françaises et si possible bio. Nous avons arrêté d’utiliser la « boîte rose », une boîte cadeau qu’on offrait aux parents. Elle comportait beaucoup de prospectus avec peu d’informations judicieuses et de produits sains. Le lavage du bébé lors du séjour en maternité a aussi beaucoup évolué. Les équipes sont formées et on explique bien qu’il faut langer le bébé au maximum avec de l’eau, qu’on n’a pas forcément besoin de produits, même de crème hydratante. Si le bébé a la peau sèche, on peut par exemple appliquer un peu d’huile végétale. La préconisation, aujourd’hui, c’est « less is more » : le moins est le mieux…

Vous avez suivi la formation Nesting en 2019. Dans quel contexte ?

Tout a commencé après un premier atelier Nesting réalisé chez nous dès 2016, qui a convaincu la cadre de la maternité de l’époque qu’il fallait absolument agir pour la santé environnementale. Cela a éveillé les consciences et des actions ont tout de suite été mises en place. Nous avons par exemple arrêté d’utiliser des lingettes et des commissions de développement durable ont été organisées. Plus tard, en 2019, j’ai moi-même, avec une collègue, suivi la formation Nesting. Elle nous permet d’animer des ateliers en maternité pour les futurs parents qui le souhaitent.

En quoi consistent ces ateliers ?

Ils ont lieu tous les mois et sont gratuits sur inscription. L’objectif est de faire découvrir aux futurs parents ce qu’est la santé environnementale et d’améliorer leur pratique au quotidien avec les bébés. On aborde de nombreux sujets : produits d’hygiène, cosmétiques, produits ménagers, jeux pour bébé, contenants alimentaires, alimentation, peinture dans l’habitation… En deux heures, c’est presque trop court ! Il s’agit de prémices pour que les gens puissent par la suite s’informer toujours plus afin d’approfondir certains sujets auxquels ils sont sensibles.

Quels sont les retours des parents ?

On leur demande à chaque fois, à l’issue de l’atelier, s’ils ont envie d’opérer des changements dans leur quotidien et la réponse est toujours oui. Cela commence souvent par des choses très simples et concrètes : par exemple faire le tri dans les produits d’hygiène et de cosmétique pour le bébé, mais aussi pour la maman.

D’autres projets autour de la santé environnementale ?

Nous sommes engagés dans une nouvelle démarche santé environnementale pour l’année 2021-2022, accompagnée par l’agence Primum non nocere, bureau d’études missionné par l’ARS et la Mutualité Française Pays de la Loire dans le cadre du PRSE3. Ce travail va se faire en partenariat avec d’autres maternités des Pays de la Loire, le temps de journées collectives sur un sujet précis à approfondir. En octobre dernier, on a par exemple travaillé sur la thématique des achats, pour intégrer plus d’achats responsables. Nous évoquerons ensuite l’alimentation et l’hygiène. La santé environnementale est un sujet très intéressant, mais aussi très prenant. Il faut constamment se renseigner. Mais c’est formidable de se dire qu’on peut faire évoluer les choses chez les gens, leur permettre de vivre en meilleure santé et d’accueillir le bébé dans un environnement plus sain.