Retour sur le webinaire « Outils d’informations et de cartographies pour la santé-environnement et l’aménagement des quartiers »
Pendant deux heures, scientifiques et collectivités ont échangé sur les outils d’informations et de cartographies existants, afin de mieux intégrer les questions de la qualité de l’air, du bruit et de l’adaptation aux effets climatiques dans l’aménagement du territoire. Ceci en adoptant des échelles variées, du quartier à la collectivité.
Réduire l’exposition des populations à la pollution de l’air
« Chaque jour, nous consommons 1 kg d’aliments, 2 kg d’eau et 20 kg d’air. Or, il est plus difficile de choisir l’air que l’on respire que la nourriture que l’on mange… ». En guise d’introduction à ce troisième webinaire, Arnaud Rebours a rappelé les enjeux de la qualité de l’air sur la santé, à mettre en lien avec les 2 500 personnes qui, chaque année, décèdent prématurément à cause des particules très fines émises par les activités humaines en Pays de la Loire (48 000 personnes à l’échelle nationale). L’ingénieur physicien a ensuite expliqué les travaux qu’il mène au sein d’Air Pays de la Loire, avec la mise en ligne, en open data, de données stratégiques afin d’orienter l’action des urbanistes. Par la modélisation, l’observatoire régional dresse un diagnostic de la pollution de l’air sur le territoire, prenant la forme de cartographies interactives, qu’il est possible d’ajuster en fonction de critères souhaités (zone géographique, année, type de polluant…).
Avec des exemples concrets d’impact de l’aménagement urbain sur la qualité de l’air : des bâtiments conçus très haut peuvent notamment bloquer la pollution dans une rue. C’était le cas de la rue Crébillon à Nantes, avant que celle-ci ne devienne piétonne en 2013, ce qui a eu pour effet immédiat d’améliorer la situation. Pour éviter ces « effets rideau », Air Pays de la Loire conseille donc une densification raisonnée des bâtiments, avec des toits de différentes hauteurs afin de mieux faire circuler l’air.
Le cas concret d’une collectivité
Illustration concrète de la prise en compte des données collectées par Air Pays de la Loire, la communauté d’agglomération de la région nazairienne et de l’estuaire (CARENE) a ensuite présenté les projets qu’elle met en place sur son territoire. Sandrine Laisné, chargée de mission PCAET (plan climat air énergie territorial), mobilité et qualité de l’air à la CARENE, et Hélène Lucien, chargée d’étude à l’agence d’urbanisme ADDRN, se sont succédé pour parler actions et enjeux.
Territoire marqué par une activité industrielle (port, raffineries…) et un trafic routier forts, l’agglomération de Saint-Nazaire a constaté une inquiétude croissante de la population sur la qualité de l’air. Elle s’est donc mobilisée sur cette thématique, en l’intégrant à son Plan climat et à ses documents d’urbanisme (PLUI et PLU). Elle a confié à Air Pays de la Loire le soin de dresser une cartographie stratégique air, qu’elle a croisée avec l’implantation des établissements accueillant du public sur son territoire. Au sein d’un musée et d’une école, elle a ainsi effectué des mesures de pollution, en complément des données de modélisation.
Une autre action évoquée par l’ADDRN concernait une étude urbaine de deux axes structurants d’entrée de ville, avec un trafic soutenu et des projets de logements. La pression immobilière étant élevée à Saint-Nazaire, des constructions ont tendance à se développer sans prendre en compte la pollution de l’air et le bruit. La CARENE, en lien avec l’ADDRN, a donc lancé une étude pour réorganiser les flux, mettre en œuvre un projet de nature en ville, et essayer de reprendre la main sur la planification de ces constructions…
Pour la CARENE, le sujet de l’urbanisme favorable à la santé relève d’une approche pluridisciplinaire et nécessite une articulation de l’ensemble des outils pour une mise en cohérence. Pour le territoire, cela représente de nouveaux enjeux et sujets à intégrer au sein de leur politique.
Croiser mesures objectives et perceptions des habitants
Les universitaires aussi planchent sur la mobilisation des connaissances pour l’action. Benoit Gauvreau du département Aménagement, mobilité et environnement (AME) de l’université Gustave Eiffel et Pierre Aumond de l’Unité mixte de Recherche en acoustique environnementale (UMRAE) ont présenté EUREQUA. Lancé à l’échelle nationale sur 3 ans, ce projet croise différentes thématiques (l’air, le bruit et le confort climatique) étudiées à l’échelle d’un quartier à Paris, Marseille et Toulouse. Les chercheurs ont adopté une caractérisation physique par la mesure de l’air, du bruit et du climat, qu’ils ont croisé avec la perception que les habitants en avaient. Originale, cette approche au croisement des sciences « dures » et des sciences humaines et sociales a permis de mettre en évidence des variations entre les perceptions et les données objectives.
Cela a permis de développer Noise Modeling, un outil cartographique stratégique du bruit disponible en open data. L’objectif de cet outil, comme de tous ceux évoqués lors de ce webinaire, est d’aider les décideurs à intégrer les problématiques de santé environnementale à leurs projets urbains, en cours ou à venir.
Vous retrouverez ci-dessous les présentations :
- par Arnaud Rebours, ingénieur référent à Air Pays de la Loire - par Sandrine Laisné, Chargée de mission PCAET, mobilisation, qualité de l’air à la CARENE et Hélène Lucien, chargée d’étude à l’ADDRN - avec Benoit Gauvreau et Pierre Aumond, Département Aménagement, Mobilité et Environnement (AME) ; Unité Mixte de Recherche en Acoustique Environnementale (UMRAE) à l’Université Gustave Eiffel
Retrouvez les enregistrements vidéos des interventions ainsi que l’ensemble du webinaire :
- Intervention d’Arnaud Rebours
- Intervention de Sandrine Laisné et Hélène Lucien
Le programme complet des webinaires du cycle Santé et urbanisme est disponible sur le site du Comité 21.