PLASE 2 : la Ville de Nantes renouvelle ses ambitions en santé environnementale
Assez peu de collectivités ont fait le choix de s’engager dans un plan d’actions santé environnementale. Pourquoi la Ville de Nantes en a-t-elle mis un en place ?
Pour poursuivre une approche globale de la santé, telle que définie par la Charte d’Ottawa de 1986, et pour apporter de la cohérence, de la lisibilité sur la santé environnementale, qui est une thématique vaste. Il y a aussi l’ambition d’envisager la santé comme un levier. Par exemple, il y a quelques années, le développement de la pratique du vélo n’était pas du tout lié à la santé. Le PLASE a permis d’aborder les déplacements actifs sous un angle santé.
Qu’apporte le PLASE 2 par rapport au précédent, lancé en 2012 ?
Nous avons mené en 2016 une évaluation du PLASE 1, qui avait mis en évidence un éparpillement des actions. Le PLASE 2 est recentré sur 18 actions répondant à 5 grands objectifs opérationnels :
- développer la communication et l’information et favoriser les échanges avec les Nantaises et Nantais,
- promouvoir la santé environnementale par la mobilisation et la formation,
- consolider le dialogue entre santé publique et aménagement urbain en termes de santé urbaine,
- agir sur le risque santé dans les espaces clos (habitat et établissements recevant du public),
- contribuer à l’analyse et à l’interprétation de risques sanitaires, dans la perspective d’une aide à la décision.
Chaque pôle se décline en plusieurs actions, que nous menons en interne en travaillant avec d’autres services de la Ville et de la Métropole, mais aussi avec des partenaires et auprès des Nantaises et Nantais.
Quelles sont les actions emblématiques de ce PLASE renouvelé ?
Il y a d’abord eu les « 10 jours de la santé environnementale », en 2018, événement d’informations et d’animations qui ciblait délibérément le grand public. Actuellement, nous accueillons par ailleurs un doctorant au sein de la direction de la santé publique de la Ville. Il mène une recherche-action sur le terrain, en faisant le lien entre la précarité et la santé. C’est quelque chose de plutôt novateur, parce que la précarité énergétique est travaillée depuis une vingtaine d’années, mais souvent sous un angle plutôt économique. Une autre action emblématique concerne la qualité de l’air extérieur, avec la gratuité des transports en commun lors des pics de pollution. C’est d’autant plus intéressant que les normes ont évolué depuis le 1er janvier 2021, avec la prise en compte des particules ultra-fines.
Plusieurs problématiques santé environnementale ont émergé ces dernières années. Par exemple les perturbateurs endocriniens…
C’est justement un sujet phare du PLASE 2. Est notamment à l’étude la fin du plastique dans les cantines. Ce sujet est aussi au cœur d’une action menée dans des crèches à titre expérimental, avec l’abandon des couches jetables. C’est à la fois une mesure très écologique et une manière de lutter contre les potentiels perturbateurs endocriniens que les couches jetables peuvent contenir. Les biberons en plastique, également, sont abandonnés au profit de matières plus neutres comme le verre. Enfin, côté jouets, la matière plastique est délaissée pour le bois. Il s’agit d’une expérimentation pour voir dans quelle mesure tout cela est généralisable à tous les établissements gérés par la collectivité.
Le contexte du COVID-19 a-t-il eu une incidence sur le PLASE 2 ?
Il est évident que la crise sanitaire nous a obligés à réorienter certaines actions, mais elle nous a surtout confirmé la plus-value de beaucoup d’entre elles. Concernant l’air intérieur, par exemple, cela faisait longtemps que l’on sensibilisait les différentes directions de la Ville sur l’aération régulière. Cette démarche a été évidemment pleinement confirmée par la crise sanitaire, et est aujourd’hui inscrite dans le protocole des lieux qui accueillent du public. La crise sanitaire a aussi interrogé la place de la nature en ville, notamment pendant les périodes de confinement, où les habitants ont encore plus noté combien ce besoin de nature était essentiel.
La concertation et la co-construction ont-elles été importantes dans la mise en place du plan ?
En plus de l’évaluation du PLASE 1 en 2016, nous avons mis en place des instances à travers un comité technique, incluant des institutionnels, dont l’ARS, et des associatifs pour réfléchir à la construction de ce PLASE deuxième génération. Plus généralement, l’objectif de ce nouveau plan était qu’il déborde très largement sur les directions autres que celle de la santé publique. Nous travaillons avec une vingtaine de directions pour sensibiliser nos collègues à la santé environnementale (hygiène, habitat, bâti, éducation…) ainsi qu’avec nos collègues de Nantes Métropole. D’ailleurs, depuis le 1er janvier 2021, la direction de la santé publique a intégré une direction générale métropolitaine, ce qui va à terme redéfinir nos actions. Le PLASE2 est pour l’heure communal, mais du fait de cette réorganisation, nous commençons à réfléchir à un PLASE3 qui serait métropolitain.