Cadre de vie, urbanisme et santé : vers une nouvelle façon d’aménager

publié le 19 juillet 2019

Lors de la dernière des cinq rencontres de mi-parcours du PRSE3, le 5 juillet à Nantes, l’un des ateliers participatifs était consacré au thème du cadre de vie et de l’urbanisme favorables à la santé. Autour de deux témoignages de terrain, racontant de remarquables expériences, les participants ont pointé la nécessité de renouveler les modes de faire en matière d’aménagement.


L’approche "cadre de vie et de l’urbanisme favorables à la santé" se veut globale et positive (bien-être et qualité de vie) en prenant en compte les facteurs de risque et les mesures de protection, comme la limitation de l’exposition des populations aux nuisances, la préservation des ressources en eau potable, le développement des mobilités actives et de la nature en ville, la lutte contre les îlots de chaleur urbains, la proximité des services et leur accessibilité à pied et à vélo, le développement de l’offre de logements adaptés et intermédiaires pour les personnes âgées, etc..

Agir en faveur de la santé et du bien être à travers différentes politiques de planification du territoire

« Pour mettre en place un aménagement du territoire favorable à la santé, il est essentiel de déployer une approche transversale, et donc persuader les différents acteurs concernés de son bien-fondé ». Paméla Ménard, chargée de mission développement durable de la Communauté de communes Erdre et Gesvres, au nord de Nantes, raconte comment elle pilote sur son territoire une expérience d’élaboration de stratégie territoriale développement durable, intégrant les enjeux de santé.

« L’approche transversale exige d’articuler de façon complémentaire tous les documents de planification – le plan climat-air-énergie territorial (PCAET), le plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi), le plan global de déplacements (PGD) et le plan local habitat –… mais aussi de se lier aux initiatives et projets favorisant les synergies : Contrat local de santé, Projet alimentaire de territoire, Plan vélo. Ainsi on s’assure de pouvoir agir sur toutes les composantes de l’action : habitat résidentiel et tertiaire, agriculture et alimentation, mobilités et énergie…  ».

La stratégie développement durable – PCAET – est organisée sur 7 axes et 22 actions concrètes. Le PLUi et le PGD intègrent ces enjeux et permettent leur transcription au niveau de l’aménagement du territoire. Au sein du PLUi, trois documents d’orientation d’aménagement et de programmation (OAP) viennent en appui des documents prescriptifs : une OAP mobilités, une OAP cadre de vie, et une OAP air-énergie-climat (en cours de rédaction).

« L’enjeu est de proposer des principes-clés, et d’y faire adhérer les 12 communes de notre territoire, afin d’orienter positivement dès l’amont toutes les décisions d’aménagement  ». À titre d’exemple, l’OAP « cadre de vie » décline les principes et orientations visant à valoriser et à renforcer la prise en compte de la nature au sein de l’enveloppe urbaine, et complète le règlement et le zonage sur ces enjeux. Une cartographie illustre les principes pour les choix des aménagements végétalisés : gestion différenciée, limitation des besoins en eau et de la production des déchets verts, limitation du risque allergisant, renforcement des zones de fraîcheur, séparation des aménagements cyclables et piétonniers des voiries par un espace végétalisé, etc..

L’EIS : une démarche pédagogique qui permet l’acculturation des acteurs et une nouvelle approche transversale

Sur l’île de Nantes, c’est une évaluation d’impacts sur la santé (EIS) qui a été déployée par la Ville et la SEM d’aménagement Samoa (lire également sur le site de l’ARS). « Nous avions de part et d’autre un fort intérêt pour les questions d’urbanisme favorable à la santé, et l’EIS s’est révélée être un outil très efficace en tant que démarche pédagogique », explique Patricia Saraux, directrice de la mission de santé publique à la Ville de Nantes.

Une EIS de courte durée (4 mois) s’est mise en place sur le quartier sud-ouest de l’île de Nantes, et s’est resserrée autour de deux thématiques (nature en ville, participation des habitants) avec une méthodologie précise. Elle a abouti à la définition de 7 enjeux et 26 recommandations, dont la réalisation sera pilotée avec un tableau de bord (acteurs responsables, calendrier, indicateurs de suivi).

« L’EIS a été performante, d’une part parce qu’elle repose sur des données probantes, et d’autre part parce qu’elle permet l’acculturation durable des acteurs, souligne Virginie Vial, responsable du pôle études et développement durable de la Samoa. Notre équipe et plus précisément les personnes chargées de la maîtrise d’œuvre urbaine prennent désormais en compte la dimension santé dans le projet urbain, et identifient des façons concrètes d’avancer ». « Nous bénéficions de la même acculturation à la Ville, chez les techniciens comme chez les élus, confirme Patricia Saraux. Pour mettre demain de la santé dans toutes nos politiques publiques… ».

Lors des échanges entre acteurs, la nécessité de repenser en amont le cadre global de l’aménagement, pour mieux intégrer les enjeux santé, a été l’une des analyses les plus partagées. Avec comme conditions de réussite la capacité à associer les citoyens-usagers, la volonté de sortir des belles intentions en sachant flécher les moyens nécessaires, la création d’une culture commune santé-environnement à la bonne échelle de territoire, et enfin une nécessaire approche transversale… qui évite les silos et passe par de nouvelles organisations.

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