Surveillance des pesticides dans l’air ambiant : Air Pays de la Loire livre ses résultats

publié le 10 novembre 2021

Depuis 2018, grâce à l’implantation de plusieurs stations de mesure sur le territoire, Air Pays de la Loire surveille les niveaux de pesticides dans l’air de la région. Disponible sur le site de l’association, un rapport présente les résultats obtenus de juin 2018 à décembre 2020. En voici les principaux enseignements.


Dans le cadre de la campagne nationale exploratoire de surveillance des pesticides dans l’air ambiant, Air Pays de la Loire a mis en œuvre, de juin 2018 à juin 2019, 3 stations de mesure sur les communes de Saint-Julien de Concelles (site à dominante maraîchage-viticulture), Pouillé (site de grandes cultures) et dans le quartier Monplaisir à Angers, potentiellement influencé par les traitements arboricoles et viticoles.

Grâce à un financement quadripartite (DRAAF, DREAL, ARS, Air Pays de la Loire), cette surveillance a été prolongée jusque fin décembre 2020 et complétée par l’intégration de deux stations supplémentaires : à Marolles-les-Braults (site à dominante polyculture-élevage et grandes cultures) en juillet 2019, et à La Chapelle-Heulin (site à dominante viticole) en mai 2020.

49 substances actives repérées

De juin 2018 à fin 2020, 76 molécules ont été analysées de façon hebdomadaire, pour informer les organismes de santé sur l’exposition par inhalation de la population générale aux pesticides présents dans l’air. Un second objectif était de suivre sur le long terme l’impact des actions régionales de réduction de l’utilisation des phytosanitaires dans le cadre du plan Ecophyto.

Sur les 76 substances actives recherchées, 49 ont été quantifiées au moins une fois. Les molécules les plus fréquemment retrouvées sont le lindane, la pendiméthaline, le métolachlore (-s), le triallate et le prosulfocarbe. Le lindane a été quantifié dans plus de 90 % des échantillons. Le prosulfocarbe, herbicide de grandes cultures particulièrement sensible à la dérive et à la volatilisation, présente, lui, la concentration moyenne la plus élevée tous sites confondus (4,5 ng/m3).

Prépondérance des herbicides

Sur l’ensemble des sites, quel que soit leur environnement, une prédominance des herbicides a été observée, comme c’est d’ailleurs le cas à l’échelle nationale. Cette prédominance s’accentue sur les sites de « grandes cultures » (Pouillé et Marolles-les-Braults) où ce type de pesticides est le plus utilisé. Les fongicides sont moins représentés dans l’air que les herbicides, mais peuvent l’être de façon significative notamment à La Chapelle-Heulin, Saint-Julien de Concelles et Angers. Parmi les fongicides, le folpel est le plus présent dans l’air en particulier sur les sites localisés à proximité de vignes (La Chapelle-Heulin, Saint-Julien-de-Concelles). À noter que les insecticides sont très minoritaires par rapport aux herbicides.

Des concentrations plus élevées aux abords des grandes cultures…

Les sites à dominante de grandes cultures (Marolles-les-Braults, Pouillé) présentent des concentrations moyennes, tous pesticides confondus, sensiblement équivalentes entre eux et supérieures aux autres sites. Le site de la Chapelle-Heulin présente une concentration intermédiaire (à confirmer lors de l’intégration des résultats de 2021). Enfin ceux de Saint-Julien de Concelles et d’Angers présentent des niveaux moyens sensiblement équivalents, les plus faibles, sans doute expliqués par la présence de moins de grandes cultures et de vignes par rapport aux autres sites.

… et à l’automne

Sur l’ensemble des sites, l’évolution temporelle au sein d’une année est comparable, avec la présence des concentrations les plus élevées en octobre-novembre, liées à la présence d’herbicides dans l’air. Elle est particulièrement visible sur les sites de grandes cultures (Pouillé et Marolles-les-Braults). Cette évolution est liée aux désherbages des céréales d’hiver notamment avec du prosulfocarbe. Les fongicides se retrouvent essentiellement au printemps tandis que les insecticides, très minoritaires sont présents tout au long de la période.

Le programme de suivi se poursuit jusqu’à fin décembre 2021 et sera aménagé en 2022. Le site d’Angers est intégré à un dispositif national comprenant un point par région administrative. Il a été choisi car il est localisé dans un bassin de vie important et est influencé par les traitements de cultures agricoles environnantes. Le dispositif régional sera adapté.