Plan Régional Santé Environnement du Pays de la Loire

CPIE Mayenne Bas-Maine : sensibilisation et accompagnement des ERP sur la qualité de l’air intérieur

publié le 30 mars 2021


La loi portant engagement national pour l’environnement a rendu obligatoire la surveillance de la qualité de l’air intérieur dans certains établissements recevant un public sensible. Les établissements concernés sont notamment ceux accueillant des enfants : les établissements d’accueil collectif d’enfants de moins de 6 ans, les centres de loisirs et les établissements d’enseignement ou de formation professionnelle du premier et du second degrés. Le programme que porte le CPIE vise à sensibiliser et impliquer l’ensemble des acteurs : les gestionnaires d’ERP (directeurs de structures et élus), le personnel éducatif (enseignants, animateurs, ATSEM…), les utilisateurs et acheteurs de produits d’entretien, ou encore le personnel technique en charge de la maintenance des équipements et des bâtiments. Le CPIE, avec l’appui de l’association Synergies 53, a engagé cette action dans 6 territoires mayennais, d’abord à l’échelle communale puis intercommunale : Saint-Hilaire-du-Maine, Azé, Saint-Baudelle, Mayenne Communauté, Communauté de communes des Coëvrons et du Pays de Craon.

Pourquoi avoir souhaité sensibiliser et accompagner les ERP dans cette démarche d’amélioration de la qualité de l’air intérieur ?

Depuis 2018, la mise en application de la loi Grenelle II rend progressivement obligatoire la surveillance de la qualité de l’air intérieur dans les ERP. Les écoles, crèches, centres de loisirs et haltes-garderies font partie des structures prioritaires. La nouvelle réglementation encourage la responsabilisation de l’ensemble des acteurs investis dans ces établissements. Pour autant, ces acteurs ne savent pas comment aborder la thématique et n’ont pas toujours la possibilité d’y consacrer le temps nécessaire, d’autant que cela peut faire peur dès que l’on parle d’obligations réglementaires, de diagnostics et de plan d’actions à réaliser en parfaite autonomie !

Comment est perçue cette nouvelle obligation réglementaire de la part des gestionnaires d’ERP ?

Le plus souvent, les gestionnaires d’ERP découvrent la réglementation, bien qu’ils soient concernés depuis 2018. S’ils ne peuvent nier l’intérêt d’une bonne qualité de l’air intérieur pour les usagers de leurs établissements, cela n’apparaît pas toujours comme une priorité pour eux, parmi l’ensemble des dossiers à traiter. Ils sont aussi effrayés à l’idée de devoir réaliser un état des lieux technique de leur ventilation (naturelle et mécanique), et de l’ensemble des activités plus ou moins polluantes aux alentours et à l’intérieur de leurs locaux. Et pour cause, pour des petites collectivités et des petites structures avec peu de moyens humains et techniques, il s’agit de consacrer du temps à une thématique identifiée comme peu prioritaire de prime abord. Il s’agit donc de les rassurer et de les guider dans la réalisation de ces démarches tout au long d’une année scolaire.

Quelle méthode/quelles actions proposez-vous aux gestionnaires pour les accompagner dans la mise en œuvre du respect de ce dispositif réglementaire ?

L’accompagnement des gestionnaires (élus et responsables de structures accompagnés de leurs techniciens) s’étale sur une année scolaire, et donne lieu à trois rencontres. Il s’agit de les sensibiliser à la qualité de l’air intérieur puis de les informer et de les accompagner pour qu’ils s’approprient les démarches de mise en conformité avec la réglementation.

Hormis les gestionnaires, le personnel qui fréquente l’établissement peut être mis à contribution, en particulier dans le cadre d’un plan d’actions d’amélioration de la qualité de l’air intérieur. Est-ce une difficulté ?

Des temps de formation sont dédiés au personnel utilisateur et acheteur de produits d’entretien de ces ERP, ainsi qu’au personnel éducatif. Ainsi se crée une culture commune sur la thématique et chacun est libre de piocher des idées de bonnes pratiques à mettre en place dans son activité. Des outils de communication (affiches pense-bête sur les gestes) sont aussi fournis et permettent de faire office de piqûre de rappel et de sensibilisation au quotidien des acteurs occupant ces ERP. Selon les territoires, il peut s’avérer plus ou moins facile d’attirer l’attention du personnel éducatif sur l’intérêt de venir à ces temps d’information sur une thématique qui peut sembler secondaire dans leur activité.

Ces campagnes de sensibilisation ont-elles, selon vous, permis une prise de conscience et des changements de comportement favorables à l’amélioration de la qualité de l’air intérieur ?

C’est évident ! Ce programme permet de porter à connaissance une thématique et des notions encore trop peu connues aujourd’hui. On constate néanmoins que les temps d’information ne se suffisent pas à eux-mêmes.

Si l’on constate l’envie de modifier ses habitudes de travail pour améliorer la qualité de l’air intérieur, la difficulté pour ces acteurs est davantage de les mettre en pratique. C’est pourquoi un accompagnement à moyen terme semble indispensable. Pour cela, un comité de suivi est mis en place dès le début du programme. Il réunit les responsables de chacune de ces parties prenantes et vise à favoriser la mise en place d’une dynamique sur un territoire donné.

En parallèle, il existe des outils faciles d’utilisation et ludiques, comme les capteurs de dioxyde de carbone (CO2), qui permettent une prise de conscience rapide et qui favorisent des changements de comportement, avec par exemple une ouverture des fenêtres plus régulière.

Depuis 2016, date à laquelle vous avez débuté cette action, est-ce que le CPIE a modifié ces méthodes d’accompagnement pour permettre aux gestionnaires d’ERP de se mettre en conformité avec la réglementation relative à la qualité de l’air intérieur ?

Au départ, ce programme était déployé à une échelle communale, puis il s’est appuyé sur les intercommunalités pour toucher davantage d’acteurs sur une année scolaire. Cela permet aussi de s’appuyer sur les Contrats Locaux de santé. Portés à l’échelle intercommunale, ils assurent une dynamique territoriale sur la thématique de la santé, avec des partenariats déjà installés selon les territoires. Nous demandons chaque année aux participants d’évaluer la pertinence du programme pour améliorer l’accompagnement d’une année sur l’autre en répondant au mieux aux besoins exprimés par les acteurs. En 2020-2021, la sensibilisation à la thématique de la qualité de l’air intérieur a notamment été étendue aux familles qui déposent leurs enfants quotidiennement dans ces ERP, via la mise à disposition d’une exposition sur le sujet.