ADGESTI : l’incurie dans l’habitat apprivoisée avec psychologie

publié le 8 septembre 2020

Avec l’appui de la DREAL, de la DDCS et de l’ARS, l’association sarthoise ADGESTI accompagne des personnes en situation d’incurie dans leur logement. Ce dispositif « santé-social-bâti » implique un travail en réseau avec de nombreux acteurs du territoire. Objectif : rétablir des liens avec les occupants pour leur permettre de vivre dans des conditions dignes et acceptables.


Située au Mans, l’ADGESTI (Association de gestion des structures intermédiaires) est en constante évolution depuis sa création en 1981. Composée de « parents ou amis de personnes en situation de handicap », l’association a pour but de « participer à toute action favorisant la réhabilitation de personnes confrontées à des difficultés psychologiques ou handicapées par suite de troubles psychiques ». Parmi ces actions, certaines relèvent du volet santé-environnement, notamment celle qui est relative à l’incurie1 dans le logement, menée en partenariat avec le Pôle départemental de lutte contre l’habitat indigne (PDLHI) de la Sarthe.

Syndrome de Diogène et prise de contact parfois délicate

Depuis la mise en place du dispositif en juillet 2018, 24 personnes ont été prises en charge dans le cadre du dispositif « santé-social-batî des situations d’incurie dans le logement » : des habitants de zones rurales en Sarthe qui connaissaient à la fois des difficultés financières et des problèmes de santé, psychiques et/ou somatiques. Si tous se caractérisaient par un manque d’autonomie dans leur logement et son entretien, 15 présentaient plus précisément un syndrome de Diogène (trouble du comportement conduisant à des conditions de vie insalubres, souvent caractérisées par une accumulation compulsive).

Pour accompagner les 24 personnes, l’ADGESTI a mis en place une action reposant sur « l’aller vers », à travers l’intervention d’une psychologue clinicienne.
La problématique étant très souvent caractérisée par l’absence de contact avec la personne nécessitant un accompagnement, les interventions s’inscrivent dans une « démarche active, mais sans être perçue comme intrusive ». La posture professionnelle de « l’aller vers » est adoptée, laquelle consiste à « approcher sans s’imposer ; proposer sans imposer  ».
Plusieurs tentatives ont souvent été nécessaires avant que la personne ouvre la porte de son logement…

Une approche globale, en réseau

La qualité de la relation étant déterminante, des visites à domicile en binôme (une psychologue de l’ADGESTI et une assistante sociale ou autre acteur selon la situation) étaient indispensables pour évaluer la situation, prendre contact et consolider le lien de confiance.

Lors de certaines interventions à domicile, la psychologue de l’ADGESTI a sollicité de nombreux professionnels du réseau partenarial de la Sarthe2. L’objectif était de favoriser une approche globale santé-social-bâti pour apporter des réponses et étayer une action dans le domaine de la santé et au-delà (aide à la vie quotidienne, gestion du budget, du lien social, prévention des expulsions locatives, mise en conformité du logement…).

1. L’incurie désigne le fait pour une personne d’apporter trop peu de soins à ce qui la concerne. Cela peut concerner l’état de la personne elle-même (son apparence, sa propreté et son hygiène) mais aussi son environnement, et en particulier son habitat.

2. Parmi lesquels le SSIAD (Service de soins infirmiers à domicile), la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées), les assistantes sociales de secteurs, les CLIC (centres locaux d’information et de coordination), l’association INHARI (opérateur pour l’amélioration de l’habitat), les élus, les maires, les gestionnaires de cas du Département, l’ARS sur l’insalubrité, la PMI (Protection maternelle et infantile), les aidants, la DDCS (Direction départementale de la Cohésion sociale), les médecins traitants, les hôpitaux, la MSA…

Dans le concret : un accompagnement parfois complexe pour le retour au logement

 
Dans le cadre du dispositif et parmi les différents cas traités, un homme de 61 ans est accompagné depuis 2018, suite à une visite à domicile de l’assistante sociale du secteur. Celle-ci avait découvert un logement jonché de déchets, sans chauffage et très peu entretenu. Une hospitalisation de plusieurs mois a été nécessaire pour stabiliser l’état de santé de ce monsieur, période pendant laquelle un désencombrement du logement a été mis en place, pour le rendre sain et à nouveau habitable.
 
La démarche de la psychologue de l’ADGESTI a été de mieux appréhender la problématique psychique de la personne, et de tisser un lien de confiance. Durant la période de l’hospitalisation, le partenariat avec l’assistante sociale du centre hospitalier a permis de favoriser l’acceptation du désencombrement du logement, vécu comme un vol de ses biens par le monsieur, ainsi que d’un plan d’aide : nettoyage du lieu d’habitation, infirmière et aide à domicile, portage du repas et aides techniques.
 
Depuis son retour, ce monsieur continue de bénéficier d’un soutien psychologique, tout comme les professionnels intervenant à son domicile, afin de rendre possible cet accompagnement dans la durée.